VISIONS ENTRE LAC ET VENT

Thérèse Joly ou l'approche mystique

Très jeune Thérèse Joly a commis des «images souvenir» soupçonnant cependant les possibilités du noir et blanc, seul capable de répondre à la définition même de la photographie, écrire avec la lumière. Enfin adulte et indépendante elle organisa une chambre noire et depuis quelques années seulement elle a pu s’adonner à la photographie d’une manière passionnelle.
C’est la nature dont la richesse est insoupçonnée qui lui fournit les sujets et «seule la photographie est capable d’en dévoiler les aspects les plus cachés». Mais les rapports de Thérèse Joly avec la nature ne sont pas des plus paisibles, elle l’agresse et la terrifie, serait-elle à l’image des gens et serait-il difficile de se faire une place dans ce monde ?. Dans le combat qu’elle semble livrer à la nature, Thérèse Joly ne cherche pas à dominer mais essaie d’apprivoiser le monde extérieur à travers cette boite qui autorise l’approche tout en gardant ses distances.
Scrupuleuse, entière, Thérèse Joly ne se permet aucun bricolage ni aucun artifice lors du tirage, son désire étant de retrouver exactement le bonheur de l’oeil au moment du clic décisif.
On retrouve à travers ses clichés cet exercice d’épuration, cette marche de solitude et d’attente qu’est la photographie, une approche mystique du monde pour Thérèse Joly, un heureux subterfuge pour exister et vaincre son angoisse.

 

André Depraz
Journal Le Dauphiné – Genève/Léman du 31.03.1992